À quoi ressemblerait ta vie si tu avais déjà atteint LA stabilité émotionnelle ?
Je parie que tu t'ai déjà posé la question.
Cependant, la stabilité est un concept trop vague, trop imprécis, variant de façon trop importante en fonction de l'identité de chacun.
En tant que personne ayant des fluctuations d'humeur intense, à savoir, une bipolarité, chercher cette stabilité peut sembler compréhensible, voire même, évident.
Il est néanmoins bon de considérer le fait qu'il existe de multiples raisons de ne PAS la rechercher et, de manière contre-intuitive, qu'il serait même inutile de l'atteindre.
Dans cet article, je t'explique pourquoi et je te donne 10 raisons pour lesquelles, selon moi, il ne faut pas chercher la stabilité.
En santé mentale (ou pas), chercher la stabilité émotionnelle revient souvent à chercher un équilibre psychologique.
Cet équilibre peut se définir comme une bonne gestion des humeurs et une régulation émotionnelle efficace au quotidien.
Traduction : se sentir bien et être de bonne humeur, dans un bon jour.
Toutefois, il est crucial de savoir que les fluctuations d'humeur sont normales, pour tout le monde, et même qu'elles sont essentielles.
Eh oui, comment pourrions nous nous rendre compte que nous sommes heureux si jamais nous n'expérimentons la tristesse ou la colère.
Les émotions n'ont de sens que par contraste et donc, pas opposition à d'autres émotions que nous appelons, leurs opposés.
Y aurait-il le jour s'il n'y avait pas la nuit ?
...
D'ailleurs, si tu t'intéresse à l'impact des saisons sur l'humeur d'une personne bipolaire, cette vidéo va sûrement t'intéresser :
Chez les personnes ayant des fluctuations d'humeur plus fréquentes et intenses que la moyenne (les bipolaires par exemple), ces variations peuvent ainsi perturber considérablement la vie au quotidien.
Mais finalement, existe-t-il vraiment une stabilité parfaite ?
Ou n'est-ce qu'un concept idéalisé, fantasmé, une chimère que l'on se vend à soi même simplement parce que oui, ça fait rêver ?
Quand on parle de stabilité, on a souvent une idée précise du résultat attendu.
On s'est tous déjà dit "si j'étais stable, je ferai cici, ou cela ... ah si j'étais stable, la vie serait plus belle". Et effectivement, la vie serai plus douce.
Cependant, la stabilité tels qu'on se l'imagine est profondément personnelle.
Nous fantasmons continuellement sur la finalité, négligeant parfois (trop souvent ?) le processus, le chemin.
Or, c'est justement ce chemin qu'il est important de définir et de suivre, en le modulant et en le modelant à sa propre façon d'être, de vivre et d'apprendre.
Lorsque l'on part en voyage par exemple, est-ce le résultat du voyage qui compte le plus, à savoir être heureux d'avoir vécue de belles aventures ? Ou bien, tout ce qui à permis de se dire qu'on a effectivement vécue de belles aventures, à savoir, le chemin ?
Je pense que tu connais la réponse...
Du coup, si on reprends ce qui a été dit, il devient évident que la stabilité en tant que tels est un leurre.
Elle n'est pas une fin en soi.
Tout ce que je dis te paraît peut être un peu tiré par les cheveux, un peu trop philosophique d'ailleurs.
Mais...
Jamais on ne se dit « tiens, je suis définitivement stable ».
Non... car il y aura toujours une incertitude sur le futur.
Pourquoi alors accorder tant d'importance à la stabilité ?
Il est en effet beaucoup plus profitable (et je vais me répéter) de se concentrer sur le processus, sur le chemin, plutôt que sur la finalité.
C'est à travers ce chemin de croissance personnelle qu'il est alors possible de trouver un épanouissement durable, solide et qui pourra tendre vers la stabilité.
Ce que je viens de te dire peut être assez confusant. Mais, si on y réfléchie deux secondes, c'est plutôt logique. Un bateau maintient un cap jusqu'à sa destination. Pour cela, il ajuste constamment sa direction. Ainsi sa trajectoire n'est pas une ligne droite mais un ensemble de direction opposée réajusté. Et celui-ci fini toujours (ou presque) par atteindre son port.
Ton port à toi, c'est le rétablissement, à savoir maintenir un état dans lequel les fluctuations n'ont plus d'impact significatif sur ton quotidien.
Reprends donc la barre et ajuste la direction en fonction de là où tu te trouve.
Pour plus de renseignements sur l'accompagnement globale que propose HopeStage, tu peux te rendre sur la page dédiée aux personnes bipolaires.
Quand on y pense, chercher à tout prix la stabilité revient finalement à fuir l'instabilité émotionnelle.
Mais...
Cette instabilité, bien que parfois intense, est une partie inévitable de l'expérience humaine. Elle fait même partie intégrante de l'expérience humaine.
Ainsi, embrasser l'instabilité émotionnelle permet de faire face aux défis avec plus de résilience et d'ouverture. Et cela nous invite à explorer des aspects de nous-mêmes qui resterait cachés si nous vivions dans un état de stabilité constante.
Alors oui, l'instabilité fait peur. Mais la peur est une perception erronée de la réalité, une distorsion. C'est comme si on prenait la vérité entre nos mains et qu'on la malaxée encore et encore jusqu'à la déformer complètement.
Le travail ne se situe donc pas au niveau de l'instabilité, mais davantage au niveau de nos peur. Et plus particulièrement celle de vivre quelque chose qui nous est inconnue, incertain et souvent désagréable.
Ainsi, reconnaître que la flexibilité émotionnelle est une force est crucial.
Savoir s'adapter aux différentes situations émotionnelles témoigne d'une grande maturité psychologique. Et si tu n'y arrives pas encore, rien de grave. Parce qu'effectivement, savoir s'adapter est quelque chose qui s'apprendre, se développe. C'est une compétence.
Pour cela, un exercice tout simple consiste à lister les avantages qui peuvent resortir à vivre une certaine instabilité.
Oui, oui, tu as bien compris. Il y a des avantages à vivre dans l'instabilité.
Par exemple, elle peut t'aider à être à l'aise dans des situations variées, et à apprécier la vie avec plus de richesse et de profondeur.
Essaye donc.
La question clé à se poser est la suivante :
"Qu'est-ce qui, dans l'instabilité, pourrait m'être ne serait-ce qu'un petit peu bénéfique ?"
À ce stade, tu as déjà deux trois clés pour comprendre et avancer vers une nouvel horizon qui, je l'espère, t'épanouira le plus possible.
Mais il y a un sujet qu'il faut absolument que l'on voit ensemble.
Celui de la pression sociale.
Celle-ci joue un rôle significatif dans notre perception de la stabilité émotionnelle.
Cette pression peut être particulièrement intense si tu es dans une situation de bipolarité et que, dans ton entourage, certaines personnes projettent sur toi leur désir.
À savoir, que tu sois stable.
Et l'intention de base est bonne.
Mais l'exigence est parfois trop importante par rapport à la réalité du terrain.
Il est donc important de s'entourer de personnes compréhensives et bienveillantes, qui soutiennent ta quête de bien-être sans t'imposer leurs propres normes de stabilité.
Il y a une grande différence entre gérer ses émotions et les réprimer.
Apprendre à gérer ses émotions de manière saine est un aspect essentiel de l'épanouissement personnel. Cela implique de reconnaître et d'accepter ses émotions, aussi désagréables soient-elles, plutôt que de les enfouir ou de les ignorer.
J'ai personnellement essayé, pendant des années, de réprimer mes émotions. De les cacher bien au fond de moi où personne ne pourrait les retrouver.
Que de mal m'en a fait...
Il aura fallut un long moment et une laborieuse mission pour aller déterrer tout ça et pouvoir enfin m'en libérer. Et ce n'est pas encore fini (peut être que ça ne le sera jamais d'ailleurs, il faut l'accepter)
Pour tout ça, consulter des professionnels de la santé mentale devient alors vraiment utile voir même indispensable.
Ils t'aiderons sur plusieurs aspects de ta vie tels que l'hygiène de vie à adopter, les médicaments qui peuvent t'aider, des conseils sur ton environnement social et physique etc..
Se faire aider, n'est pas une option quand on est bipolaire.
Le sujet est bien trop complexe pour s'en sortir seul.
À toi de choisir de quelle manière tu souhaites te faire accompagner.
Sous ses aires de méchante, l'instabilité offre de précieuses leçons.
Notamment dans la gestion quotidienne des relations sociales, professionnelles et personnelles.
Ainsi, chercher à la comprendre et l'accepter peut conduire à un état de bien-être et d'épanouissement qu'une quête incessante de stabilité ne permettrait pas d'atteindre.
Il n'y a finalement que des avantages à vivre une part d'instabilité dans sa vie.
Et je d'y bien une part...
Parce que oui, vivre uniquement dans l'instabilité est dangereux et n'est dans aucun cas souhaitable pour qui que ce soit.
Accepter tes émotions et tes expériences, y compris les phases d'instabilité, est un pas important vers la gestion saine de tes états émotionnels.
Cette acceptation n'est pas instantanée mais se développe et s'affine avec le temps, comme un bon fromage.
Et plus tu l'affineras, plus tu seras compétents et capable de les gérer. C'est un muscle à développer, comme à la salle de sport.
On pourrait peut être appeler ça "la salle des émotions" ?
La résilience émotionnelle est essentielle pour naviguer à travers les hauts et les bas de la vie. Elle te permet de construire des bases solides et des fondations résistantes aux tempêtes émotionnelles, te rendant ainsi plus adapté et résilient face aux défis.
Pour s'y préparer, tu peux d'ailleurs faire un petit exercice simple mais terriblement efficace :
Prends une situation donnée qui te paraît émotionnelle pour toi.
Maintenant que tu l'as, imagine la bien. Et détermine ce qu'il pourrait arrivé de pire dans cette situation. Mais vraiment le pire du pire. (ne prends pas peur, nous allons avancer pas à pas pour trouver des solutions)
Pour t'aider, tu peux même l'écrire sur un cahier ou un papier avec un stylo (c'est mieux que sur ordinateur ou smartphone).
Une fois que tu as trouvé le pire du pire, imagine quelles seraient absolument toutes les solutions qui pourrait exister pour résoudre cette situation.
Par exemple, imaginons que je refasse une bouffée délirante aiguë un jour (ce que je redoute par dessus tout). Le pire du pire serai que je parte dans mes délires mystiques et que je refasse une tentative de suicide comme cela m'est arrivé par le passé.
MAIS
En m'imaginant ce pire, je peux anticiper toutes les solutions qui sont à ma portées pour endigué ne serait ce que la moindre petite apparition de signes pouvant me faire penser à une bouffée délirante aiguë. Par exemple, au moindre signe de manque de sommeil qui pourrait me faire aller en phase maniaque puis en bouffée délirante si je n'agît pas rapidement, je peux en parler avec quelqu'un de confiance (1ere étape), prendre un rendez vous avec mon psychiatre en urgence ou médecin traitant pour qu'il m'offre des solutions médicamenteuses et des pistes supplémentaires (2eme étape). Et si la situation est déjà critique, je peux toujours aller aux urgences accompagné d'une personne de confiance.
La stabilité n'est pas un but en soi, mais plutôt un processus dans lequel s'engager.
Paradoxalement, cela demande d'embrasser l'instabilité qui souvent, fait peur.
Cette dernière offre des leçons précieuses sur soi et sur la manière de gérer les fluctuations émotionnelles.
La résilience émotionnelle, quand à elle, reste clé dans cette démarche, et comme le disait Bruce Lee, "Sois comme l'eau, mon ami." ("Be water my friend")