Touchant entre 1 et 2,5 % de la population en France, la bipolarité est une pathologie relativement rare, mais particulièrement invalidante (une des 10 pathologies les plus invalidantes selon l’OMS). Ce type de pathologie se manifeste par une multitude de symptômes, mais ce à quoi l’on pense moins, c’est à ses possibles conséquences sur la santé sexuelle des personnes qui en sont atteintes. Voici comme la bipolarité peut affecter la santé sexuelle.
Anciennement appelé trouble maniaco-dépressif, la bipolarité est une pathologie se manifestant par des troubles importants de l'humeur alternant des niveaux élevés d’euphorie et de dépression. Ces deux types d’humeurs antagonistes peuvent durer de quelques jours à quelques mois. Lors d’une phase dépressive, la personne atteinte de bipolarité peut se sentir triste ou désespérée et perdre tout intérêt ou plaisir pour la plupart des activités. Lorsque l’humeur passe à l’extrême inverse, la personne peut se sentir euphorique, pleine d'énergie, mais aussi inhabituellement irritable. Ces sautes d’humeur peuvent affecter le sommeil, l’énergie, une activité physique ou professionnelle, les facultés de jugement, le comportement et la capacité de penser clairement.
Ces épisodes de sautes d’humeur peuvent survenir jusqu’à plusieurs fois par an selon les personnes avec ou sans symptômes ressentis entre les épisodes intenses.
La bipolarité dure toute la vie, néanmoins il est possible de prendre en charge les épisodes de sautes d’humeur (et autres symptômes) en suivant un traitement. Elle peut être pris en charge dans une certaine mesure à l’aide de traitements médicamenteux ainsi que via un accompagnement psychologique avec un professionnel.
Les causes de cette pathologie demeurent mal connues, néanmoins des éléments comme les facteurs génétiques, psychologiques et environnementaux peuvent être en cause. Des liens peuvent également être établis avec d’autres facteurs comme la prise de certains médicaments ou la consommation de drogues, notamment le cannabis.
La bipolarité peut également affecter l’activité sexuelle, et ce, de plusieurs manières. Lors des épisodes maniaques, la personne concernée peut ressentir une augmentation quasi frénétique de l'activité sexuelle sans pour autant que celle-ci ne procure de satisfaction. Lors de ces phases, on constate également la multiplication des pensées à caractères sexuels ainsi que la consommation accrue de contenus à caractères pornographiques. Cette frénésie sexuelle peut avoir pour effet de voir la multiplication des partenaires et des comportements à risque, augmentant de ce fait les risque de contracter une infection sexuellement transmissible (IST).
À l’inverse de la phase maniaque, lors d’un épisode dépressif, il est probable que la personne se désintéresse totalement du sexe et connaisse une baisse drastique de sa libido. Ce phénomène inverse de l’hypersualité est alors appelé hyposexualité. Ces phases peuvent souvent créer des problèmes relationnels chez les personnes en couple, car il est difficile pour le ou la partenaire de comprendre cette absence soudaine de désir et de libido. Cela est particulièrement vrai en cas de passage d'une manie extrême caractérisé par un comportement hypersexuel à une perte soudaine de tout intérêt pour le sexe. Ce type de situation peut créer un sentiment de confusion, de frustration, voire de rejet.
En outre, les périodes dépressives peuvent également s’accompagner de dysfonctionnements sexuels tels que la dysfonction érectile chez l’homme et des problèmes équivalents chez les femmes comme la sécheresse vaginale. Il reste possible de remédier au problème de dysfonction érectile grâce à l’utilisation d’un traitement dédié. Ces derniers étant vendus sur ordonnance, une consultation préalable chez un médecin est nécessaire. De plus, il convient de savoir que ce type de traitement n’est pas pris en charge par l’assurance maladie, par conséquent le prix du Cialis, Viagra, etc est librement fixé par les pharmacies et reste à la charge du patient.
Certains médicaments prescrits pour traiter la bipolarité peuvent également réduire la libido et affecter l’activité sexuelle. C’est notamment le cas des antipsychotiques ou du lithium (liste non exhaustive). Dans tous les cas, quel que soit l’impact, y compris négatif, que peuvent avoir les traitements symptomatiques de cette pathologie, il convient de continuer à prendre les médicaments prescrits.
L’arrêt de la prise augmente significativement la survenue d’épisodes maniaques ou dépressifs. Si les traitements concernés ont un impact négatif sur la libido, la meilleure alternative reste d’en parler avec un médecin qui sera en mesure de trouver des alternatives afin de trouver le juste milieu entre une prise en charge de la bipolarité et le maintien d’une activité sexuelle aussi normale que possible.
Comme la plupart des pathologies, que celles-ci soient physiques ou mentales, il est important pour le patient d’en comprendre tous les tenants et les aboutissants. Dans le cas spécifique des troubles bipolaires, il est primordial de connaître ses éventuels facteurs de risques, d’anticiper ses périodes maniaques ou dépressives et d’être en mesure de limiter les risques de celles-ci, notamment en ayant des rapports protégés. Sur le long terme, un accompagnement psychologique à long terme ainsi que la prise scrupuleuse de traitements adaptés restent à ce jour les meilleures options pour subir au minimum les symptômes, notamment d’ordre sexuels de la maladie.