Dans ce voyage quotidien tumultueux, chaque émotion ressentie semble être amplifiée et les relations oscillent entre une intensité éclatante et une crainte persistante de l’abandon. C’est une quête perpétuelle d’équilibre émotionnel.
Au quotidien, chaque émotion est ressentie comme amplifiée et intense. Les relations oscillent souvent entre idéalisation et dévalorisation de l’autre. C’est une quête perpétuelle d’équilibre émotionnel !
Vous vous sentez concerné·e ?
Bienvenue dans le monde complexe du trouble de la personnalité borderline !
Je m’appelle Fiona Jestin, j’ai 29 ans et en 2023, j’ai reçu le diagnostic du trouble de la personnalité borderline (TPB). Aujourd’hui, je partage tous mes conseils sur mon site BorderAttitude et mon compte Instagram sous le même nom pour mieux gérer ce trouble au quotidien.
Quelles sont les “caractéristiques” de ce trouble ?
Découvrons les caractéristiques de ce trouble tout en gardant à l'esprit que chaque personne parcourt le chemin du TPB de façon unique :
1. Peur intense de l’abandon : les personnes souffrant du TPB éprouvent souvent une profonde anxiété liée à l’abandon et au rejet, percevant ces situations comme des expériences particulièrement douloureuses, voire une “petite mort”. Par conséquent, elles peuvent développer une tendance : à anticiper ces situations en cherchant activement des raisons afin de quitter une relation avant même d’être abandonnées, éviter tout contact social et/ou sursolliciter l’autre afin d’être rassuré·e en permanence ;
2. Alternance entre l’idéalisation et la dévalorisation d’autrui : ces personnes ont fréquemment tendance à exprimer une admiration intense envers quelqu'un, pour ensuite basculer vers une dévalorisation complète, remettant en question la relation au moindre faux pas ;
3. Image de soi instable : souvent sujettes à des changements fréquents et dramatiques dans la perception de soi-même, elles peuvent passer d'une haute estime de soi (“Je suis incroyable”) à une profonde autodépréciation (“Je ne mérite pas de vivre” et/ou être en perpétuelle indécision dans leurs choix de vie (travail, conjoint·e,…) ;
4. Grande impulsivité : les personnes souffrant du TPB sont souvent enclines à prendre des décisions impulsives et risquées, telles que des dépenses excessives, des comportements sexuels impulsifs ou une conduite dangereuse ;
5. Comportements suicidaires et/ou automutilation : elles peuvent régulièrement avoir des pensées suicidaires ou des comportements visant à se faire du mal (automutilation) et faire des tentatives de suicide. Plus de 70 % des personnes atteintes du TPB font des tentatives de suicide et 8 à 10 % mettent fin à leurs jours (source) ;
6. Rapides changements d’humeur : les personnes souffrant du TPB ont tendance à ressentir des fluctuations rapides et intenses de l'humeur. Ces dernières ne durent généralement que quelques heures et rarement plus de quelques jours. Celà est souvent dû à une hypersensibilité exacerbée ;
7. Colère incontrôlable : elles ont tendance à avoir des difficultés afin de contrôler leur colère ;
8. Sentiment chronique de vide : elles peuvent souvent se sentir vides, comme s’il leur manquait quelque chose afin d’être “complètes” et “suffisantes”, même dans des situations sociales ;
9. Symptômes dissociatifs et/ou pensées paranoïaques : en cas de stress intense, elles peuvent se sentir déconnecté·e·s de leur corps et/ou de la réalité et avoir des pensées paranoïaques, comme une conviction injustifiée d'être poursuivies ou persécutées.
Le TPB s'exprime de façon différente d'un individu à un autre mais l'instabilité et l’expérience d’émotions intenses sont des caractéristiques communes à toutes les personnes touchées.
Si vous vous reconnaissez dans la description des symptômes du TPB, je vous invite à effectuer un diagnostic. Celui-ci peut se faire avec un·e neuropsychologue ou un·e psychologue clinicien.ne qui effectuera des tests cognitifs pour évaluer et exclure d'autres troubles possibles. Cependant, seul·e un·e psychiatre peut fournir un diagnostic final et administrer un traitement médicamenteux si nécessaire.
Pour être diagnostiqué·e du trouble de la personnalité borderline, il faut présenter au moins 5 des 9 symptômes mentionnés ci-dessus. Toutefois, il est essentiel que ces manifestations ne soient pas exclusivement liées à un autre trouble mental ou aux effets de substances. De plus, ces fonctionnements doivent être détectables au plus tard à l'adolescence ou au début de l'âge adulte car c'est à ce stade que les traits caractéristiques du TPB se manifestent pleinement. Il est crucial de ne pas s'auto-diagnostiquer. Personnellement, j'ai consulté une neuropsychologue en 2023, pensant souffrir du trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Elle a émis le diagnostic du TPB confirmé ensuite par un psychiatre, une révélation qui, au-delà de l'étiquette, m'a libérée de la culpabilité et m'a permis de mieux comprendre mes réactions 😊
Les causes du trouble de la personnalité borderline (TPB) sont à priori multifactorielles, (source) c’est-à-dire :
👉🏻 une prédisposition génétique et des facteurs biologiques : on retrouve une augmentation de la réactivité de l’amygdale (une zone du cerveau impliquée dans les émotions),une augmentation de l’impulsivité au niveau du cortex préfrontal et des modifications au niveau des neurotransmetteurs cérébraux.
👉🏻 des facteurs environnementaux : les expériences de vie peuvent avoir un impact significatif sur le développement du TPB. Des antécédents de traumatismes, d'abus physique, émotionnel ou sexuel, de négligence, d’invalidation des émotions ou encore de séparations familiales difficiles peuvent augmenter le risque de développer ce trouble.
👉🏻 une vulnérabilité émotionnelle innée : certaines personnes peuvent avoir une vulnérabilité émotionnelle innée qui les rend plus sensibles aux stress et aux changements émotionnels. Cela peut influencer la manière dont elles réagissent aux expériences de vie difficiles et contribuer au développement du TPB.
Le TPB est souvent associé à d'autres troubles mentaux, tels que les troubles de l'humeur (dépression, dysthymie et troubles bipolaires I et II), les troubles anxieux (trouble panique, trouble anxieux généralisé, phobie·s), les troubles alimentaires (anorexie, boulimie,...), les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité, d'autres troubles de la personnalité (narcissique, évitante,…), et les troubles de stress post-traumatique simples ou complexes. La présence simultanée de plusieurs troubles psychologiques, c’est-à-dire la comorbidité, est fréquente, soulignant l'importance d'une prise en charge précoce (source).
Trigger Warning ⚠️
Malgré les nombreuses consultations avec des psychologues et des psychiatres au cours des dernières années, je me suis retrouvée dans une véritable quête médicale pendant plus
d'une décennie. J'avais méticuleusement décrit les divers symptômes, incluant une propension à l'automutilation et des épisodes dissociatifs sévères (me sentant constamment hors de mon corps et vivant comme dans un rêve), mais cela n'avait abouti à aucun résultat concret. À l'âge de 20 ans, on m'a diagnostiqué un trouble anxieux généralisé (TAG), puis à 23 ans, j'ai découvert que j'étais à haut potentiel et hypersensible. J'ai dévoré tous les livres sur la surdouance, et malgré cela, je me sentais profondément décalée, incapable de comprendre mes divers symptômes. Le moment où j'ai enfin reçu le diagnostic a été une véritable libération pour moi !
Le trouble bipolaire est un trouble de l'humeur caractérisé par la relation de l'individu avec ses émotions.
Les troubles bipolaires sont classés comme suit :
Type 1 : se caractérise par ou plusieurs épisodes maniaques (sentiment d’euphorie, augmentation de l’énergie, parfois des hallucinations) ou mixtes accompagnés ou non d’épisodes dépressifs ;
Type 2 : associe au moins un épisode dépressif majeur avec de l’hypomanie (manie moins sévère) ;
Cyclothymie : forme atténuée – les épisodes sont généralement moins intenses et plus courts ;
Non spécifié: troubles présentant des caractéristiques bipolaires claires qui ne remplissent pas les critères spécifiques des autres troubles bipolaires
Voici quelques faits importants à retenir afin de différencier les deux troubles :
👉🏻 L’instabilité affective est en général marquée par des changements d’humeur plus long que ceux qu’on retrouve dans le TPB (sauf cyclothymie) et qui n’ont pas toujours un lien avec des stress environnementaux.
👉🏻 L’humeur peut varier spontanément et sans raison apparente car c’est une raison chimique en rapport avec les neurotransmetteurs.
👉🏻 Contrairement au traitement du trouble borderline, les médicaments sont le traitement adapté afin de stabiliser l’humeur et prévenir les épisodes maniaques ou dépressifs (stabilisateurs de l’humeur, antipsychotiques ou antidépresseurs).
👉🏻 40 % des personnes qui souffrent d’un TPB (sans trouble bipolaire) ont reçu par le passé un diagnostic erroné de trouble bipolaire.
👉🏻 Il est également possible pour une personne de présenter les deux troubles simultanément, ce qui est appelé comorbidité : 7 à 10 %.
👉🏻 30 % des personnes atteintes du trouble bipolaire tentent de se suicider (en général pendant les épisodes dépressifs majeurs associés au trouble bipolaire).
D’après les recherches actuelles (source), le trouble de la personnalité borderline ne se guérit pas. Néanmoins, la majorité des personnes vont mieux et ont une amélioration des symptômes avec un suivi psychiatrique ou psychologique bien conduit.
Il n'existe pas de cure médicamenteuse pour le TPB. Certains médicaments peuvent atténuer des symptômes comme l'anxiété, l'impulsivité et la colère. Les antidépresseurs, neuroleptiques, anxiolytiques et régulateurs de l'humeur sont couramment prescrits, mais leur efficacité varie.
La psychothérapie est le traitement recommandé et efficace pour soigner le trouble de la personnalité borderline. La majorité des personnes vont mieux et ont une amélioration des symptômes avec un suivi psychiatrique et/ou psychologique bien conduit.
De nombreuses thérapies ont fait leur preuve à savoir :
👉🏻 la Thérapie Comportemental Dialectique (TCD), développée par le professeur Marsha Linehan. Sur base d’une méthode d’“acceptation-changement”, la TCD vise à aider les individus à développer des compétences pour mieux accepter leurs émotions, améliorer leurs relations interpersonnelles, et trouver des moyens plus adaptatifs pour faire face au stress et mieux tolérer la détresse (source). L’association française pour le trouble de la personnalité borderline (AFTPB), se situant à Paris, vise à soutenir et accompagner les personnes ayant un TPB notamment grâce à la TCD via des groupes de parole en visioconférence et des ateliers thérapeutiques ;
👉🏻 la Thérapie des schémas de Young, créée par le psychologue Jeffrey Young. Cette thérapie vise à désactiver des schémas inadaptés en combinant des techniques cognitives, émotionnelles et comportementales pour améliorer le bien-être émotionnel et les réponses adaptatives.
D’autres encore existent aussi à savoir : la psychothérapie focalisée sur le transfert (TFP) et la thérapie basée sur la mentalisation (MBT).
Par ailleurs, comme précédemment évoqué, les traumatismes sont fréquemment impliqués dans le déclenchement de ce trouble. Par conséquent, une approche constructive consisterait à explorer et traiter ces blessures psychologiques afin de soulager cette charge émotionnelle. Ceci peut se faire à travers de :
👉🏻 l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ;
👉🏻 La Somatic Experiencing ;
👉🏻 l’ICV (thérapie de l'Intégration du cycle de la vie).
Finalement, une approche complémentaire suggérée pourrait être le neurofeedback dynamique, un programme d'entraînement cérébral visant à réguler l'activité neuronale.
C'est un défi quotidien de vivre avec un TPB, et je considère souvent que nous sommes de véritables combattant·e·s, voire des BorderBattant·e·s (😉), constamment en quête d'équilibre !
Voici quelques conseils afin de gérer ce trouble au quotidien :
👉🏻 Accueillez vos émotions : bien que certaines émotions comme le désespoir ou la honte puissent être difficiles à vivre, laissez-les s'exprimer : pleurez, écrivez, communiquez avec vos proches. Les émotions délivrent des messages importants, et les refouler ne fait qu'accentuer leur impact ;
👉🏻 Établissez vos limites : écoutez-vous et communiquez vos besoins à votre entourage pour prendre soin de vous ;
👉🏻 Adoptez une hygiène de vie saine : assurez-vous de dormir suffisamment, pratiquez une activité physique, surveillez votre consommation d'alcool et veillez à une alimentation équilibrée. Ces habitudes contribueront à votre bien-être mental et physique ;
👉🏻 Reconnectez-vous à votre corps : si vous souffrez du TPB, votre système nerveux peut être dérégulé (source). La méditation, le yoga et d'autres pratiques somatiques peuvent vous aider à vous sentir en sécurité dans votre corps et votre environnement ;
👉🏻 Structurez votre quotidien : une organisation claire offre un cadre stabilisant, favorisant ainsi votre bien-être émotionnel et des relations équilibrées.
Personnellement, j'ai besoin d'une structure bien définie dans ma vie, avec une forte dose de spontanéité. Ma devise : "Avoir une forme d'instabilité dans ma stabilité !"
Voici quelques conseils pour accompagner efficacement une personne atteinte du TPB :
👉🏻 Éduquez-vous sur le TPB : Prenez le temps de comprendre le TPB, ses symptômes et son impact sur la vie quotidienne. Plus vous en savez, mieux vous pourrez comprendre les expériences de la personne concernée ;
· 👉🏻 Favorisez une communication ouverte : Encouragez la communication
· honnête et ouverte. Permettez à la personne de s'exprimer sans jugement et montrez-lui que vous êtes là pour la soutenir tout en validant ses émotions sans minimiser ses expériences vécues ;
· 👉🏻 Soyez cohérent·e, patient·e et compréhensif·ve : la gestion du TPB peut être un processus long et complexe ;
· 👉🏻 Soutenez le traitement professionnel : encouragez la personne à suivre un traitement comme la psychothérapie. Montrez votre soutien en l'accompagnant aux rendez-vous si elle le souhaite ;
· 👉🏻 Fixez vos limites : prenez soin de votre propre bien-être émotionnel. Accompagner quelqu'un avec un TPB peut être éprouvant, il est donc essentiel de prendre du temps pour vous ressourcer.
· 👉🏻 Identifiez ensemble les déclencheurs de crise : ceci afin de les prévenir ou d’en atténuer l’impact au fil du temps.
Voici quelques phrases encourageantes que vous pouvez partager à une personne affectée par le TPB :
https://www.instagram.com/p/C0zVL7rt2C5/
Voici quelques suggestion de livres qui pourraient vous aider :
👉🏻 Tout savoir sur le trouble de la personnalité borderline : Le manuel du Borderline de Martin Desseilles, Bernadette Grosjean et Nader Perroud ;
👉🏻 Des outils pour gérer son trouble au quotidien : Borderline : retrouver son équilibre de Dominique Page et Borderline : cahier pratique de thérapie à domicile de Dr Déborah Ducasse et Véronique Brand-Arpon ;
👉🏻 Pour les proches : Le trouble Borderline expliqué aux proches de Dr Déborah Ducasse et Véronique Brand-Arpon.
À l'âge de 18 ans, lorsque le TPB s’est manifesté dans mon corps, mes émotions étaient intenses et instables. Je me sentais si seule et incomprise. Je passais des heures sur des forums à la recherche de vécu d'autres personnes confrontées aux mêmes symptômes que moi et désormais stables. 10 ans plus tard, ma vie n'est pas parfaite, mais j'apprends de jour en jour à atteindre un certain équilibre. Le diagnostic a été pour moi une libération, me permettant de mettre des mots sur mes maux et d’en ressortir une grande force de caractère. Après des heures de thérapie, des ouvrages de psychologie et de neurophysiologie lus, et beaucoup de motivation, j'ai acquis de nombreux outils et adopté un mode de vie que je partage sur BorderAttitude et @borderattitude. Mon objectif est d'offrir du soutien, de rappeler que nous ne sommes pas seul·e·s dans ce combat, et de partager espoir et outils pour une vie meilleure !
Ma phrase qui me fait du bien quotidiennement : “les émotions sont temporaires et inoffensives.” ❤️
Prenez soin de vous et je vous envoie plein de good vibes,
Fio