Il est souvent compliqué de parler de sa bipolarité à ces proches. Cela peut être la peur que l’on nous quitte ou bien la honte. Mais cette étape est essentielle à notre stabilisation.
On peut estimer qu’il vaut mieux taire sa maladie de bipolaire pour des raisons légitimes.
Par exemple si l’entourage n’est objectivement pas apte à accueillir cette nouvelle pour que cela vaille le coup.
C’est le cas des tout petits enfants, dont l’intelligence n’est pas en mesure encore de saisir ce que cela peut bien signifier.
En revanche, pourquoi devrait-on ménager les autres ?
La peur des réactions pousse souvent à épargner ses proches, pourtant ceux-ci sont doués de raison, donc suffisamment équipés a priori pour entendre qu’on est atteint d’un trouble mental.
Alors que veut-on éviter en se taisant ?
La plupart du temps, on redoute d’être jugé, rejeté, incompris.
Aussi, décider de parler doit se faire en étant au clair vis-à-vis de ce qu’on en attend.
Espère-t-on s’attirer de la compassion, de l’empathie, du soutien ?
Attention, il n’est pas garanti que cela se passe si bien.
Toute maladie psychiatrique inspire généralement de la suspicion, de la méfiance, voire de l’hostilité et de la hantise.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Parce que sa seule possibilité effraie : personne n’a envie d’en souffrir.
Si vous en souffrez, vous l’incarnez aux yeux de qui voudra en neutraliser la charge terrifiante, en vous mettant vous à distance.
Comprenez donc que ce n’est pas vous en tant que personne qui seriez l’objet d’une telle violence, c’est ce que vous représentez : essentiellement le risque de perdre comme vous pied avec la réalité.
Aucune honte donc à avoir si vous êtes bipolaire.
D’abord ce n’est pas votre faute. Ensuite, s’il se trouve que la bipolarité effraie votre entourage, ce n’est toujours pas votre faute.
Osez vous montrer tel que vous êtes, et laissez aux autres la responsabilité de ce que vous leur inspirez.
Néanmoins vous êtes en tant que patient, respectable, aussi rien n’autorise de la part d’autrui l’injustice de réactions agressives et discriminantes envers vous.
« Nous parlons bien de nos problèmes à notre psy et connaissons les effets bénéfiques de cette pratique. Il faut aussi passer le pas avec nos proches pour nous aider à mieux gérer notre bipolarité. »
D’abord, écartons un objectif répandu mais trompeur, car souvent irréaliste : ce n’est pas dans le but de s’attirer de l’affection qu’on signale son trouble bipolaire.
Tant mieux si c’est l’effet produit, bien sûr, mais on peut accepter que les autres réagissent en fonction de ce qui les constitue, eux, plutôt qu’en satisfaisant d’emblée nos besoins d’amour et de reconnaissance.
Pourquoi n’est-ce pas si grave, s’ils ne le prennent pas tout à fait comme on le souhaiterait dans l’idéal ?
Parce qu’on sait pourquoi on vient leur parler et que ce n’est pas une démarche sentimentale qui appelle un engagement de leur personne sur le terrain de l’affect, même si on y met une tendresse sincère.
Délesté de la crainte d’un conflit, quel intérêt pouvez-vous avoir maintenant à parler de votre bipolarité à vos proches ?
Dans quel but, ce choix de la transparence ?
Poser un acte responsable.
Voici la clé de votre annonce : garder froidement cet objectif à l’esprit.
Il ne s’agit pas ici en effet de faire une sorte de coming-out, autrement dit une déclaration permettant de s’affirmer dans sa singularité assumée, d’officialiser un statut, un choix de vie, une orientation sexuelle etc.
Il s’agit surtout de rendre accessible aux proches certains de vos comportements qu’ils ont pu – ou seront amenés à trouver incompréhensibles.
Vous venez les éclairer sur un aspect de votre vie précis parce que celui-ci s’avère déterminant dans vos interactions.
Vous annoncez votre bipolarité afin de rendre aussi fluides que possible vos échanges futurs, parce que vos proches sauront désormais à qui ils ont affaire à votre contact.
En un mot vous œuvrez pour le bien de la communauté, familiale ou amicale.
Et c’est tout à votre honneur de prendre ainsi soin de la relation.
Si on se représente cette dernière comme une corde tendue entre vous et vos proches, on peut remarquer que vous, vous assurez de votre côté de la corde pour qu’elle tienne contre vents et marée.
C’est tout ce que la vie requiert de vous, tout ce que vous avez à vous demander – et certainement pas de contrôler ce que les autres en font quant à eux.
Un tel détachement est souhaitable avant de s’aventurer à parler de sa bipolarité à ceux auxquels on tient affectivement.
Il s’obtient par un travail sur soi lorsque la peur, la tristesse ou la honte sont paralysantes, que les blessures qu’infligerait un rejet de l’entourage aimé ou craint semblent insoutenables.
Si on a le moindre doute à ce sujet ou si on se rend compte qu’on est trop vulnérable pour s’exposer, il est recommandé de se préparer en étant solidement accompagné avant de se lancer.
Partez de deux points précis :
1) ce que vous savez de votre trouble, cliniquement parlant, et
2) ce qu’ils sont eux-mêmes en capacité de saisir, à la fois intellectuellement et psychologiquement.
Ces deux derniers points de vue propres à vos proches sont également importants :
Que connaissent-ils des maladies mentales ?
Et quel jugement posent-ils sur elles ?
Par exemple, votre culture familiale les appréhende-t-elle via un pur regard scientifique ou passerez-vous surtout pour une petite nature qui veut faire son intéressante ?
Assurez-vous d’abord de ce que vos proches vont associer comme évidences, voire préjugés, à votre révélation.
Elles relèvent de leur niveau d’instruction médicale, mais bien plus largement de la mentalité qui a orienté votre éducation.
Autant en tenir compte pour vous mettre à leur portée. Sinon gare à la déception.
Ce n’est pas simple à faire, mais nécessaire pour atteindre l’objectif de présenter au mieux votre trouble.
En effet, imaginez que vous parliez de la bipolarité avec les termes d’un professeur spécialisé dans les pathologies psychiatriques, à votre neveu de 5 ans.
Quel impact positif pouvez-vous escompter ?
Même chose si vous vous appliquez à décrire par vidéo conférence comme par exemple Skype votre maladie, chiffres et graphiques à l’appui, à votre mamie brésilienne qui ne jure que par le vaudou et risque de s’affoler en vous croyant possédé.
Ménagez les sensibilités de ceux que vous aimez.
En même temps, il s’agit de vous assurer de faire passer le message que vous voulez réellement transmettre et non qu’ils se fassent de fausses idées.
Justement parce que vous les aimez, vous trouverez les mots justes.
Ils vous sont personnels.
Faites-vous confiance.
Quelques conseils néanmoins pour communiquer dans les meilleures conditions possibles :
1. Le vocabulaire le plus simple est toujours préférable aux discours alambiqués. Tout le monde comprend : « Sachez que je suis suivi pour une maladie mentale, qui provoque des comportements si étranges que je voulais vous avertir parce qu’ils peuvent vous surprendre ou vous inquiéter. » A la rigueur, on peut tenter quelque chose de plus clinique comme : « C’est dû à un dysfonctionnement dans ma constitution psychique : mes émotions s’auto-régulent mal toutes seules. ».
2. Le plus court va droit au but. Soyez concis, sans digressions qui vous enlisent et noient votre auditoire dans le flou ou l’invitent à vous interrompre.
3. Le ton le plus sobre épargne les affects, surtout quand le sujet est sensible comme ici. Pas trop d’émotions dans la voix, pas de gestuelle agitée. Respirez entre chaque phrase.
Et si vous vous sentez en panne pour parvenir à votre objectif, on en parle ensemble quand vous voulez.
Envi d'aller plus loin ? https://form.hopestage.com/parcours
C’est normal qu’il soit difficile de parler de sa bipolarité.
Essayer de ne pas culpabiliser.
HopeStage vous accompagne pour mieux vivre votre bipolarité.