Si comme moi vous avez déjà vécu des dépressions, vous savez à quel point l’entourage a de l’influence. Il peut nous aider à aller mieux, comme il peut nous enfoncer.
Pourtant lorsque vous discutez avec des personnes qui ont été proches de quelqu’un vivant un trouble de l’humeur (manie ou dépressions), ce qui domine c’est le sentiment d’impuissance, et la douleur, la peur de ne pas savoir quoi faire.
En tant que patient, surtout lorsqu’on est encore inexpérimenté, on a souvent uniquement des intuitions sur la façon dont nos proches peuvent aider. Il nous est quasiment impossible de les guider lorsqu’on va mal.
(Family Psychoeducation: An Adjunctive Intervention for Children with Bipolar Disorder Mary A Fristad, 2003)
Le concept d’émotion exprimée a émergé en Angleterre d’une série d’études se concentrant sur le taux de rechutes d’adultes diagnostiqués avec une schizophrénie dans les années 60 et 70. (Brown et al 1958, 1962,1972) Les chercheurs remarquèrent que les commentaires négatifs, l’hostilité et la surimplication étaient corrélés à des rechutes plus rapides.
L’émotion exprimée sert à appréhender ce phénomène. Il est le niveau auquel les proches de patients expriment des commentaires critiques hostiles, intrusifs ou sur impliqués émotionnellement vis-à-vis de leur proche souffrant de trouble psychique.
Même si on pourrait penser que l’émotion exprimée est une caractéristique du proche, elle reflète surtout la relation qu'entretiennent entre-eux proche et patient.
(Cook, Kenny, & Goldstein, 1991; Hahlweg et al., 1989;
Hooley, 1990; Simoneau, Miklowitz, & Saleem, 1998).
Dans les années 90 des études similaires ont été faites avec des personnes souffrant de troubles de l’humeur. Elles démontrèrent que l’émotion exprimée joue un rôle similaire au sein des familles d’adultes souffrants de troubles de l’humeur.
Priebe et al.,1989, O’connel et al., 1991)
À cette étape, je me suis demandé : et moi ? ma famille ? Où en est-elle ?
Mesurer l’émotion exprimée n’est pas une question triviale.
La méthode de référence pour mesurer l’émotion exprimée est la “Camberwell Familly interview”.
C’est un entretien semi-structuré qui dure entre une et deux heures réalisées avec le ou les membres clés de la famille du patient (parents, conjoint…) sans que le patient soit présent.
Il se concentre sur les comportements et symptômes du patient dans les mois précédents une rechute, ainsi que les tensions au sein de la famille, le quotidien, la participation aux tâches ménagères.
Il définit 5 échelles mesurant :
L’utilisation de ce questionnaire est limitée en pratique, car il demande beaucoup de temps pour être réalisé (2h plus 3h d’analyse), ainsi qu’une formation conséquente.
C’est pour cette raison que les chercheurs ont mis au point des méthodes d’évaluation plus rapide.
Le FMSS consiste à demander au membre de la famille de parler de ses pensées et sentiments au sujet de patient pendant 5 minutes ininterrompues.
Le discours est enregistré pour être évaluer par la suite.
Il mesure l’attitude critique, la surimplication émotionnelle, et le niveau général d’expression émotionnelle.
Mais contrairement au Camberwell Familly Interview, il ne mesure pas l’hostilité, ni la chaleur. Il compte cependant le nombre de commentaires positifs, qui est utilisé pour mesurer le surinvestissement émotionnel.
Le questionnaire ne prend que 20 minutes d’analyse afin d’obtenir le score d’expression émotionnelle. Il permet donc de démocratiser le concept d’expression exprimé.
Il a cependant le défaut d’être moins sensible pour détecter les personnes avec un haut niveau d’expression exprimée que le Camberwell Familly Interview. Il est donc moins fiable.
Le FAS (Kavanagh et al., 1997) est un questionnaire de l’émotion exprimée. Les proches ou les patients peuvent le compléter.
Le questionnaire contient 30 affirmations, par exemple : “J’aimerais qu’il ne soit pas là”.
Pour chacune, la personne doit dire à quelle fréquence cette affirmation est vraie en ce moment sur une échelle allant de “Tous les jours” à “Jamais”
Désolé pour l'anglais (n'hésitez pas à utiliser un traducteur en ligne ;)
“The family attitude scale: reliability and validity of a new
scale for measuring the emotional climate of families, Kanvanagh 1997”
Table 1
The Family Attitude Scale
1. It is good to have him around (a)
2. He makes me feel drained
3. He ignores my advice
4. He is really hard to take
5. I shout at him
6. I wish he were not here
7. I feel that he is driving me crazy 8. I lose my temper with him
9. He is easy to get along with (a)
10. I am sick of having to look after him
11. He deliberately causes me problems
12. I enjoy being with him (a,b)
13. He is a real burden
14. I argue with him
15. I feel very close to him (a)
16. I can cope with him (a)
17. Living with him is too much for me
18. He is infuriating
19. I find myself saying nasty or sarcastic things to him
20. He appreciates what I do for him (a)
21. I feel that he is becoming easier to live with (a)
22. I wish he would leave me alone
23. He takes me for granted
24. He can control himself (a)
25. He is hard to get close to
26. I feel that he is becoming harder to live with
27. I feel very frustrated with him
28. He makes a lot of sense (a)
29. I feel disappointed with him
30. He tries to get along with me (a)
Note. Items are rated 4 every day., 3 most days., 2 some days., 1 very rarely., 0 never..
(a) Reverse scored.
(b) Item 12 was derived from the Patient Rejection Scale Kreisman et al., 1979..
C’est la mesure de l’émotion exprimée la plus simple. Comme l’élément le plus important de l’émotion exprimée pour prédire les rechutes est la façon dont le patient perçoit ses proches comme étant critiques, on mesure la critique perçue en demandant simplement au patient de d’évaluer sur une échelle de 1 à 10 à quel point leur proche est critique envers eux.
De plus ils demandèrent au patient d’évaluer sur la même échelle à quel point ils étaients critiques vis à vis de leur proche.
Les mêmes questions peuvent aussi être posées à un proche.
Il semble cependant que nous soyons incapables de mesurer à quel point nous sommes critiques, ou pas, envers un de nos proches, et qu’il soit nécessaire de le faire évaluer par un regard externe.
Lors d’une étude de Teadsdale en 1989, les chercheurs remarquèrent que la façon dont les conjoints évaluaient quel point ils étaient critiques n’avait aucune corrélation avec le nombre de critiques qu’ils exprimaient en parlant du patient lors du Camberwell Familly Interview (évaluation de référence).
La critique perçue permet d’assez bien prévoir les rechutes pour la schizophrénie et la dépression.
Pour le trouble bipolaire, cependant, les résultats des recherches sont un peu différents.
Lors d’une étude de 2005 sur 360 patients bipolaires, les rechutes étaient plutôt liées au niveau de sensibilité à la critique des patients. Ceux qui étaient le plus affectés par les critiques avaient les symptômes de manies et de dépression les plus sévères au bout d’un an, et ils allaient bien pendant un plus petit nombre de jours durant la même période.
For bipolar illness, however, the research findings look
a little different. In a study of 360 bipolar patients,
Miklowitz, Wisniewski, Miyahara, Otto, and Sachs
(2005) reported that patients’ symptomatic outcomes
were not predicted by the amount of criticism patients
reported receiving from their relatives. Instead, patients
who reported feeling most upset when they were criticized
by family members had more severe depressive and
manic symptoms at 1-year follow-up. They also had a
lower percentage of days well during the follow-up pe-
The Expressed Emotion Adjective Checklist (EEAC), a self-report measure of EE, has demonstrated validity with adults .
associated with the criticism component of the Five Minute Speech Sample (FMSS), a commonly used EE measure in children.
EEAC scores were also stable and predicted manic symptom severity and global impairment one year later. These data suggest the EEAC may be a useful self-report measure of EE in children.
Measuring Expressed Emotion: An Evaluation of the Shortcuts; Hooley
Niveau de compréhension du trouble :
Understanding Mood Disorders Questionnaire (UMDQ) (Gavazzi et al 1997)
La première chose pour que les proches diminuent leur hostilité ou leur surimplication est de les aider à comprendre précisément la maladie.
Expressed emotion
emerged as a term from a series of studies that focused on
relapse rates in adults diagnosed with schizophrenia
(Brown et al 1958, 1962, 1972). Critical comments,
hostility, and emotional overinvolvement (i.e., high EE)
predicted relapse. While EE was studied initially in
families of patients with schizophrenia, more recent stud-
ies have demonstrated that EE plays a similar role in
families of adults with mood disorders (Hooley 1998; Hooley et al 1986; Koenig et al 1997; Miklowitz et al 1988; Simoneau et al 1998). In the Butzlaff and Hooley (1998) recent meta-analysis of 27 studies, they concluded that 1) EE is a general predictor of poor outcome across diagnostic categories and 2) EE can be modified
assisting families to shift from “emotion focused coping” to “problem focused coping” is a useful strategy (Sloper 1999)
Il a été prouvé que la psychoéducation permet de réduire le taux d’émotion exprimée au sein de familles. L'Émotion Exprimée reflète la manière dont les proches de patients bipolaires expriment des comportements critiques, hostiles, ou sur impliqués vis-à-vis de leur proche bipolaire.
Sous le terme générique d’éducation du patient, trois types d’activités peuvent être identifiés (OMS) : − L’éducation pour la santé du patient concerne la maladie, les comportements de santé et de mode de vie, dans une logique de « culture sanitaire ». − L’éducation du patient à sa maladie concerne les comportements de santé et de maladie relatifs au traitement, à la prévention des complications et rechutes et autres comportements liés à l’existence d’une maladie, notamment l’impact de celle-ci sur des aspects non médicaux de la vie. − L’éducation thérapeutique du patient touche à la partie de l’éducation directement liée au traitement (curatif ou préventif) rôle traditionnellement et exclusivement attribué au soignant.
http://medias.dunod.com/document/9782100594122/Feuilletage.pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3876031/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27128358
https://ps.psychiatryonline.org/doi/full/10.1176/ps.49.4.531
https://pure.uva.nl/ws/files/3852034/3108_29277y.pdf
Expressed Emotion Concept:
To understand the development of psychoeducation as an
intervention strategy, a brief review of the concept of
expressed emotion (EE) is in order. Expressed emotion
emerged as a term from a series of studies that focused on
relapse rates in adults diagnosed with schizophrenia
(Brown et al 1958, 1962, 1972). Critical comments,
hostility, and emotional overinvolvement (i.e., high EE)
predicted relapse. While EE was studied initially in
families of patients with schizophrenia, more recent stud-
ies have demonstrated that EE plays a similar role in
families of adults with mood disorders (Hooley 1998; Hooley et al 1986; Koenig et al 1997; Miklowitz et al 1988; Simoneau et al 1998). In the Butzlaff and Hooley (1998) recent meta-analysis of 27 studies, they concluded that 1) EE is a general predictor of poor outcome across diagnostic categories and 2) EE can be modified
assisting families to shift from “emotion focused coping” to “problem focused coping” is a useful strategy (Sloper 1999)
Preuve d’Efficacité
Psychoéducation en groupe
Francesco Colom, 2003 “Group psychoeducation significantly reduced the number of relapsed patients and the number of recurrences per patient, and increased the time of depressive manic, hypomanic, and mixed recurrences. The number and length of hospitalizations per patient were also lower in patients who received psychoeducation.
Conclusion : Group psychoeducation is an efficacious intervention to prevent recurrence in pharmacologically treated patients with bipolar I and II disorder.
Psychoeducation familiale versus formation à la gestion de crise plus légère (David J miklowitz) FFT family-focused therapy
FFT: formation pour les patients et leur famille 21 sessions sur 9 mois
Descriptif : information sur le trouble, techniques de communications et de résolution de problèmes
Methods : In a randomized controlled trial, bipolar patients were assigned to FFT and pharmacotherapy or a less intensive crisis management (CM) intervention and pharmacotherapy
Changement sur les comportements réels des familles suite aux formations ? Theresa L simoneau, 1999
Caregiver Concordance concept
Increased disagreement between parents/caregivers on child-rearing matters has been linked to higher rates of child problem behaviors (Jouriles et al 1991), poorer marital quality (Lamb et al 1989), lower levels of family problem-solving (Vuchinich et al 1993), and diminished parental effectiveness (Deal et al 1989).
As individuals with bipolar disorder have a heightened sensitivity to conflict (Miklowitz and Goldstein 1997, p. 42), one might speculate that parental tension caused by disagreements over the most appropriate treatment and methods to manage symptoms of bipolar disorder, a condition that is very trying for families (Hellander et al 2003), would have a deleterious impact on a child’s recovery from a manic or depressive episode. Additionally, Cole and Rehm (1986) found that fathers provided significantly less positive reinforcement for their children than did mothers during a challenging task, regardless of whether the child was depressed or nondepressed. This reinforces the findings that mothers and fathers approach parenting tasks differently and that fathers, in particular, may benefit from interventions designed to increase positive parent-child interactions
multifamily psychoeducation groups (MFPG),
Evaluation des proches avant études :
Parents completed the Expressed Emotion Adjective Checklist (EEAC) (Friedmann and Goldstein 1993) and the Understanding Mood Disorders Questionnaire (UMDQ) (Gavazzi et al 1997) before and after workshop attendance.
(Bipolar disorder and familly communication effect)
The Camberwell Family-EE Interview (CFI; Vaughn & Leff,1976 ) was administered to significant relatives (parents, spouses, or siblings) while patients were still hospitalized for their index episode or while they were being stabilized pharmacologically on an outpatient basis (on average, 10.7 days, SD = 13.2 days, after the SCID—P interview). The CFI is a
semistructured interview that focuses on the relative's reactions to the patient's behavior and
symptoms, particularly during the three months prior to the acute episode.
Pour les enfants:
EEAC scores were also stable and predicted manic symptom severity and global impairment one year later. These data suggest the EEAC may be a useful self-report measure of EE in children.
Les groupes de psychoéducation ne proposent pas tous les mêmes formats en termes de nombre de séances, de fréquence (hebdomadaire, bimensuel), de référence théorique (tcc, Ipsrt, programme mixte tcc et Ipsrt).
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