Imagine une journée où tout te semble normal. Tu te lèves, tu commences tes activités, mais quelque chose cloche. Ton cœur s’emballe sans raison, tes pensées deviennent envahissantes, et une peur sourde s’installe. L’anxiété est là, comme une vieille connaissance indésirable qui revient sans prévenir.
Quand on vit avec une bipolarité, l’anxiété peut être un compagnon fréquent. Elle surgit parfois comme une ombre ou une tension souvent difficile à apprivoiser. Dans cet article, nous allons décortiquer ce lien entre l’anxiété et la bipolarité, et surtout, t’offrir des pistes concrètes pour reprendre le contrôle.
Il est fréquent que l’anxiété s’associe aux variations d’humeur. Retrouve les différents types de bipolarités dans notre article sur le sujet. Quand tu es dans une phase basse, l’énergie et la motivation sont faibles, mais paradoxalement, ton esprit reste en activité, souvent centré sur des pensées négatives. Tu ressasses, tu doutes, et tout peut sembler insurmontable.
À l’inverse, quand tu es dans une phase haute, l’excitation et l’agitation peuvent alimenter une forme d’anxiété différente : une peur de ne pas faire assez, de ne pas être à la hauteur de tes ambitions grandissantes. Cela peut se traduire par une difficulté à te poser, une irritabilité accrue ou un sentiment de tension constante.
Le lien biologique : L’anxiété et la bipolarité partagent des bases communes au niveau du cerveau. Les fluctuations dans la régulation de la sérotonine, de la dopamine et du cortisol (hormone du stress) peuvent exacerber à la fois l’intensité des émotions et la tendance à anticiper les catastrophes. Cela crée alors une spirale difficile à interrompre.
Je me souviens d’une période où tout semblait s’accumuler. J’étais déjà dans un état émotionnel fragile, et une simple discussion anodine avec mon ancien patron a suffi à déclencher une vague d’anxiété. Les pensées tournaient en boucle : « Pourquoi a-t-il dit ça ? Est-ce que j’ai mal fait quelque chose ? » Ces interrogations, irrationnelles mais terriblement pesantes, ont pris toute la place dans mon esprit.
Pendant des jours, j’ai été paralysé par cette inquiétude, incapable de me concentrer sur autre chose. Ce qui aurait pu être une simple remarque passait sous une loupe déformante. Mais avec le recul, ce moment m’a appris une leçon importante : l’anxiété n’est pas une vérité absolue, mais une perception amplifiée par mon état d’esprit du moment.
Reconnaître l’anxiété est la première étape pour mieux la gérer. Parfois, elle se manifeste de manière évidente, mais d’autres fois, elle peut être plus insidieuse. Voici quelques signes courants :
Le problème, c’est que ces signes peuvent se mélanger à ceux liés aux variations d’humeur, rendant plus difficile de distinguer ce qui vient de l’anxiété ou d’une fluctuation émotionnelle. Pourtant, il est essentiel de prendre le temps de les observer pour agir dessus.
L’anxiété peut s’exprimer différemment selon l’état dans lequel tu te trouves. Voici comment elle peut se manifester à différentes phases :
L’anxiété devient souvent liée à des ruminations. Tu te fais du souci pour tout, même les petites choses. Tu te sens paralysé à l’idée de prendre des décisions, et chaque problème semble insurmontable.
Ce que tu peux faire :
L’anxiété ici peut être liée à une surcharge d’idées et d’énergie. Tu te mets une pression immense pour tout accomplir, tu as peur de perdre cette dynamique, et tu peux te sentir submergé par tes propres attentes.
Ce que tu peux faire :
Même dans une phase plus neutre, l’anxiété peut rester tapie, notamment si tu redoutes un changement d’état. Ce qui semble être une accalmie peut être ponctué par des pensées comme « Quand est-ce que ça va recommencer ? ».
Ce que tu peux faire :
Voici des outils pratiques que tu peux intégrer dans ton quotidien, quel que soit ton état émotionnel du moment :
C’est une méthode simple mais très efficace pour calmer ton système nerveux. Elle consiste à :
Pratique cet exercice plusieurs fois par jour pour ancrer ton esprit dans le moment présent.
Applique cette technique avec moi :
Quand une pensée anxieuse surgit, écris-la. Ensuite, pose-toi ces questions :
Mettre des mots sur tes émotions permet souvent de réduire leur intensité.
L’exercice physique est un régulateur naturel de l’anxiété. Pas besoin de te lancer dans un marathon : une simple marche, du yoga, ou des étirements suffisent à libérer des endorphines et à apaiser ton esprit.
En apprendre plus sur les effets du sport sur la bipolarité ici.
Café, thé, sucre… Ces éléments peuvent intensifier les sensations d’anxiété. Remplace-les par des infusions ou des snacks riches en magnésium (comme les noix ou le chocolat noir).
L’anxiété aime le chaos. Une routine structurée peut t’aider à retrouver un sentiment de contrôle. Planifie tes journées de manière réaliste, avec des temps pour toi, et des moments pour te reconnecter à ce qui t’apaise (lecture, méditation, jardinage…).
Un aspect souvent oublié, c’est de te rappeler que tu as déjà surmonté des moments difficiles. L’anxiété a cette capacité à te faire oublier tes réussites, à te faire croire que tu es plus vulnérable que tu ne l’es. Alors, fais l’effort conscient de te reconnecter à tes forces.
Il est important de se rappeler que tu n’es pas seul. L’anxiété peut te faire croire que tu dois tout gérer par toi-même, mais parler à un proche, un professionnel ou rejoindre un groupe de soutien peut faire toute la différence. Souvent, le simple fait de mettre des mots sur ce que tu ressens réduit la charge émotionnelle.
L’anxiété peut être éprouvante, surtout lorsqu’elle s’ajoute aux variations d’humeur. Mais ce n’est pas une fatalité. Avec des outils adaptés, une meilleure compréhension de tes mécanismes et une volonté de prendre soin de toi, tu peux apprendre à la gérer.
Rappelle-toi : c’est une partie de ton vécu, mais elle ne te contrôle pas. Chaque pas que tu fais pour mieux te comprendre, pour te reconnecter à toi-même, est une victoire. Alors, sois patient, bienveillant envers toi-même, et continue d’avancer. Tu en es capable. 🌿